En Angleterre : l'autorité d'une pédagogue

En Angleterre : l'autorité d'une pédagogue

 

Vue Londres

Entre 1749 et 1751 – probablement durant l’été 1749 – Marie Leprince part pour l’Angleterre, probablement accompagnée de Beaumont, peut-être après être passée par la Hollande.

En 1750, les Lettres diverses et critiques témoignent de l’intérêt de leur auteur pour l’éducation et les écrits pédagogiques qui la rendront célèbre.

Entre 1750 et 1752 – avec une reprise en 1758 – elle fait paraître un Nouveau Magasin français ou Bibliothèque instructive et amusante. Ce périodique succède au premier, et de grands noms, comme Claude-Nicolas Le Cat, Jean Saas ou Albrecht von Haller, y signent des articles ou des morceaux littéraires. C’est le premier périodique dirigé par une femme.

Frontispice Civan roi de Bungo

À Londres, Marie Leprince de Beaumont fait paraître plusieurs ouvrages :  

En 1752, chez Jean Nourse, Éducation complète, ou Abrégé de lhistoire universelle, mêlée de géographie, de chronologie, présenté comme « à l’usage de la famille  royale de S.A.R. la Princesse de Galles ».

 En 1754, Civan, roi de Bungo, histoire japonaise, un roman pédagogique dédié à l’archiduc Joseph, fils aîné de l’empereur François Ier et de Marie-Thérèse.

LAdepte moderne ou le vrai secret des Francs-Maçons, histoire intéressante, paru en 1755 et parfois attribué à Leprince de Beaumont n’est probablement pas son   œuvre.

Marie Leprince a auprès d’elle, à Londres, Élizabeth Grimard, dite « Betsi », née en 1744, qu’elle présente comme sa nièce, mais qui était peut-être sa fille.

Marie Leprince de Beaumont rencontre un Français exilé à Londres, Thomas Pichon, qui a pris la nationalité anglaise et se fait appeler Tyrrell. On a parfois supposé qu’ils s’étaient mariés, mais aucun document ne confirme cette hypothèse. Pichon est un bibliophile, collectionneur d’écrits philosophiques, en particulier de ces manuscrits déistes et athées qui circulent clandestinement.

Institutrice des jeunes demoiselles de la bonne société londonienne, Marie Leprince traduit ses préoccupations éducatives dans des ouvrages de genres différents. En 1756 paraissent un roman, les Lettres de Madame du Frontisipice Magasin des enfantsMontier à la marquise de*** sa fille, et, surtout, un recueil de dialogues pédagogiques, enchâssant des leçons d’histoire ou de géographie et mêlant des contes profanes à des extraits de l’écriture sainte : le Magasin des enfants ou Dialogues entre une sage gouvernante et plusieurs de ses élèves de la première distinction, dans lesquels on fait penser, parler, agir les jeunes gens suivant le génie, le tempérament et les inclinations.

Encouragée par le succès européen du Magasin des enfants, Marie Leprince de Beaumont applique la formule aux autres catégories d’âge. Elle fait ainsi paraître, par exemple, en 1760, le Magasin des adolescentes ou Dialogues entre une sage gouvernante et plusieurs de ses élèves de la première distinction, simultanément à Londres, La Haye, Leyde et Lyon.