En Savoie : la défense de la foi

En Savoie : la défense de la foi

 

Frontispice Magasin des adolescentes

En avril 1763, Marie quitte Londres et s’installe à Annecy en compagnie de sa nièce (ou de sa fille) « Betsi », du mari de cette dernière – un chirurgien nommé Moreau qu’elle avait épousé l’année précédente – et de leurs six enfants.

Poursuivant son œuvre de « magasinière », selon le sobriquet que lui appliqua Voltaire dans une lettre du 4 septembre 1768, elle fait paraître en 1764, simultanément dans quatre villes, Paris, Londres, La Haye et Lyon, la suite du Magasin des adolescentes : Instructions pour les jeunes dames qui entrent dans le monde, se marient, leurs devoirs dans cet état et envers leurs enfants ; pour servir de suite au Magasin des Adolescentes.

C’est à partir de la France que Marie Leprince de Beaumont publiera ses prochains ouvrages.

En 1765, c’est le roman Lettres dÉmerance à Lucie ;

en 1766, une réédition de la suite du Magasin des adolescentes dont le titre est légèrement modifié pour faire écho aux deux premiers, Magasin, ou Instructions pour les jeunes dames qui entrent dans le monde et se marient, leurs devoirs en cet état et envers leurs enfants, pour servir de suite au Magasin des adolescentes. Édition faite, sous les yeux de lauteur, sur un nouveau manuscrit plus correct et plus ample que celui de lédition de Londres ;

et la même année, à nouveau un roman, Mémoires de Mme la Baronne de Batteville, ou la Veuve parfaite.

Plan d'Annecy

 

Plan d'Annecy

Crédits illustration : Bibliothèque Municipale de Lyon. Cote 5222.

JL Bouchier, Atelier photo-numérique de la Bibliothèque Municipale de Lyon.

 

 

 

 

Le titre du roman de Marie Leprince de Beaumont – La Nouvelle Clarice, histoire véritable (1767) – est en lien avec un bestseller de Samuel Richardson, Clarissa Harlowe or the History of a Young Lady, paru en 1748, dont le titre français est Clarisse et que l’abbé Prévost avait traduit en 1751.

En 1768, alors qu’elle a consacré ses économies à acheter une petite propriété à Chavanod, près d’Annecy, où elle est retirée depuis quatre ans, Marie Leprince de Beaumont fait paraître un nouveau « Magasin », adressé cette fois au petit peuple – Le Magasin des pauvres, artisans, domestiques, et gens de campagne – qui est une instruction religieuse en forme de dialogue. L’engagement au service de la pédagogie de la foi et de la morale chrétiennes, confirmé plus tard par La Dévotion éclairée, ou Magasin des dévotes, se double d’un parti pris apologétique, sans doute encouragé par les liens qu’elle a pu avoir avec Monseigneur Biord, évêque de Genève et connu pour être un antiphilosophe radical : elle publie, en 1769, Les Américaines ou la Preuve de la religion chrétienne par les lumières naturelles, qu’elle considère peut-être comme son ouvrage le plus important.

En 1772, elle dait paraître son seul ouvrage exclusivement consacré à l’éducation des garçons, Le Mentor moderne ou Instructions pour les garçons et pour ceux qui les élèvent.

En 1773 paraissent des Contes moraux, auxquels elle donne une suite en 1776 sous le titre de Nouveaux contes moraux.

On sait que Marie Leprince de Beaumont a passé du temps auprès de « Betsi » et de son mari, le chirurgien Nicolas-Louis-Joseph Moreau, en Bourgogne.

La date et le lieu de la mort de Marie Leprince de Beaumont font encore débat. On pense qu’elle s’est éteinte autour de 1780, probablement à Paris où vivait son demi-frère peintre.

Comme le rappelle Barbara Kaltz : « La date exacte de la mort de l'auteur est inconnue. La plupart des sources donnent 1780 comme l'année de son décès, sans autre précision. D'après l'Elogio historico de madama Maria Le Prince de Beaumont, l'auteur serait morte dès 1778. Selon une autre source, elle ne serait décédée qu'en 1784. La même incertitude règne quant au lieu de sa mort. De l'avis quasi-général, qui semble toutefois être inexact, elle serait morte à Chavanod, près d'Annecy. D'autres la font mourir à Avallon, à Paris, ou encore à Ubexy, dans les Vosges. De longues recherches d'arcchives n'ont pas abouti ; rien ne permet pour l'instant d'établir l'exactitude de l'une ou l'autre de ces hypothèses. » (Kaltz, Barbara, « Avant-propos », dans Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, Contes et autres écrits, éd. Barbara Kaltz, Oxford, Voltaire Foundation, 2000, p. xiv.)