Divers

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« Eh ! pourquoi me lisez-vous ? qui vous en prie ? Ai-je obtenu un arrêt qui force les gens de votre espèce à m’acheter ? Laissez-moi si je vous ennuie. »

« Préface » aux Contes moraux (1774), J. M. Le Prince de Beaumont, Contes et autres écrits, édition présentée par B. Kaltz, Oxford, Voltaire Foundation, « Vif », 2000, p. 159.

 

« Cette femme-là est actuellement dans un couvent à Chambéry en Savoie, après avoir joué sur le théâtre de Marseille, été entretenue puis mariée à un danseur encore en vie, remariée à un contrebandier nommé Beaumont, et mariée actuellement pour la troisième fois au Sr Tyrrell ici, où elle fait la cagote, la pédante et a joué toutes nos dames les plus huppées qui à présent en disent pis que pendre. C’est Bien l’esprit le plus superficiel et la tête la plus bigote et la plus hypocrite que j’aie connue. »

Lettre du pasteur Jean Deschamps à Formey, du 9 octobre 1764, à Londres (Berlin, Deutsche Staatsbibliothek, Nachlass Formey, Lettres de Deschamps, f°204).

 

« On dit que la magasinière [Marie Leprince de Beaumont] a beaucoup servi la cause de Dieu. »

Voltaire, Lettre du 4 septembre 1768 à Jacob Vernes (D15202, éd. Besterman, 1974).

 

« Racine, La Fontaine, Perrault et aussi Madame Leprince de Beaumont furent mes grandes admirations d’enfance. »

Apollinaire, Lettre à André Breton, 1916.

 

« Mais nous voici arrivés à un nom qu'il faut mettre hardiment à côté de celui de Perrault, et peut-être un peu au-dessus. Il s'agit de Marie Le Prince, femme de Thomas de Beaumont, née à Rouen le 26 avril 1711, morte à Avallon, le 6 décembre 1776. Presque toute sa vie se passa en Angleterre ; c'est là qu'elle écrivit et publia un ouvrage aux prétentions les plus modestes et qui n'en est pas moins devenu immortel, le Magasin des Enfants (Londres, 1757, 4 vol- in-12). Je le connais depuis l'âge où j'ai été capable d'écouter une histoire : ma bonne, qui en était fanatique, me le lisait tout haut, mais les abréviations la gênaient : elle disait Melle (Mlle), au lieu de Mademoiselle, ce qui ne laissait pas d'embrouiller un peu les dialogues. Il est vrai que seuls me captivaient les contes qui terminent chaque entretien : l'un me parut merveilleux et m'a toujours hanté depuis, la Belle et la Bête. C'est un chef-d'œuvre, assurément, et, en affirmant cela, je ne laisse pas les souvenirs d'enfance influencer mon jugement littéraire. La Belle et la Bête va de pair avec Psyché et avec la première partie de Parthenopeus de Blois, cette version médiévale de la fable de Psyché. Dans la petite édition de Montbéliard où je le relis souvent, ce conte admirable est « orné » d'une gravure dont la naïveté séduit. La Bête y est figurée par une sorte d'ours blanc piqueté de points noirs. Cette naïveté est bien plus intelligente que l'imagination des dessinateurs modernes qui, comme Bertall, ont fait de la bête un monstre terrible à la fois et répugnant. Sous sa forme d'ours excentrique, ma Bête présente sans doute, et c'est ce qu'il faut, peu d'attraits pour une jeune fille, mais, et c'est encore ce qu'il faut, elle n'inspire ni le dégoût ni la terreur. Mme Le Prince de Beaumont a encore écrit deux contes infiniment connus et délicieux, le Prince chéri et le Prince charmant. C'était une femme de talent qui a eu son heure de génie : il ne faut considérer en elle que le génie et lui vouer une profonde admiration. »

Remy de Gourmont, « Les Contes de fées », Promenades littéraires, Paris, Mercure de France, 1904, p. 248-257 de la 13e édition, 1922.

 

Au sujet de « La Belle et la bête » :

« […] without doubt the best-known work of fiction published by any woman in the eighteenth century. » (sans aucun doute la plus célèbre œuvre de fiction publiée par une femme au XVIIIe siècle.)

Joan Hinde Stewart, Gynographs : French Novels by Women of the late eighteenth Century, Lincoln, University of Nebraska Press, 1993, p. 26.

 

« Il est nécessaire d’affirmer dès maintenant qu’il reste beaucoup de mystères à éclaircir sur ce personnage réellement extraordinaire et trop mal connu. »

Geneviève Artigas-Menant, Lumières clandestines. Les papiers de Thomas Pichon, Paris, Honoré Champion, 2001, p. 54.